Le vélo offre la meilleure illustration pour comprendre le Yin Yang, raison pour laquelle la bicyclette a eu longtemps un rôle important dans l’inconscient collectif des Chinois. Le vélocipède est déjà un bel exemple d’équilibre dynamique ; pour ne pas tomber, il faut avancer… Belle métaphore de la source intarissable du Tao, qui sans cesse dévide son écheveau. 

La roue avant nous guide, mais ne nous propulse pas… elle est mobile, nous oriente, suit le mouvement de notre regard. Nos bras prennent appui sur le guidon qui permet de nous diriger. Tout est yang. 

La roue arrière est fixe. Son rôle est sombre mais essentiel. Sans elle, pas d’avancée. Elle reçoit sa puissance de la poussée de nos pieds sur les pédales qui, par le biais de la chaîne, nous fait aller en avant. On ne la voit pas mais elle doit toujours être au travail. Tout est Yin. 

Pour peu qu’une roue crève, qu’une des deux soit voilée, que les pneus soient mal gonflés ou la chaîne mal graissée… et tous les efforts se multiplient. Pour un rien, un obstacle sur le chemin, on perd le sens inné de l’équilibre et les émotions nous perturbent. Et si ni on ne l’entretient, ni on ne l’utilise, il rouille sans avoir jamais servi.

Reconnaître en soi, ce qui relève de la roue avant et ce qui relève de la roue arrière sans oublier que c’est un tout solidaire qui nous fait avancer, est une manière d’apprendre à nous connaître. 

Pierre Marie Hazo