Le vélo Yin Yang

Le vélo Yin Yang

Le vélo offre la meilleure illustration pour comprendre le Yin Yang, raison pour laquelle la bicyclette a eu longtemps un rôle important dans l’inconscient collectif des Chinois. Le vélocipède est déjà un bel exemple d’équilibre dynamique ; pour ne pas tomber, il faut avancer… Belle métaphore de la source intarissable du Tao, qui sans cesse dévide son écheveau. 

La roue avant nous guide, mais ne nous propulse pas… elle est mobile, nous oriente, suit le mouvement de notre regard. Nos bras prennent appui sur le guidon qui permet de nous diriger. Tout est yang. 

La roue arrière est fixe. Son rôle est sombre mais essentiel. Sans elle, pas d’avancée. Elle reçoit sa puissance de la poussée de nos pieds sur les pédales qui, par le biais de la chaîne, nous fait aller en avant. On ne la voit pas mais elle doit toujours être au travail. Tout est Yin. 

Pour peu qu’une roue crève, qu’une des deux soit voilée, que les pneus soient mal gonflés ou la chaîne mal graissée… et tous les efforts se multiplient. Pour un rien, un obstacle sur le chemin, on perd le sens inné de l’équilibre et les émotions nous perturbent. Et si ni on ne l’entretient, ni on ne l’utilise, il rouille sans avoir jamais servi.

Reconnaître en soi, ce qui relève de la roue avant et ce qui relève de la roue arrière sans oublier que c’est un tout solidaire qui nous fait avancer, est une manière d’apprendre à nous connaître. 

Pierre Marie Hazo

Et si nous regardions le monde comme s’il était composé de Qi, 氣 ?

Et si nous regardions le monde

comme s’il était composé de Qi, 氣 ?

par Michael Puett, Professeur d’histoire et d’anthropologie chinoise à l’Université d’Harvard 

 » Quant à l’essence de toutes choses, c’est d’elle que procède la vie.

En bas, elle engendre les cinq céréales.

En haut, elle devient constellation.

Lorsqu’elle flotte entre Ciel et Terre, nous l’appelons revenants et esprits; lorsqu’elle s’amasse dans la poitrine d’un humain, nous appelons cette personne un saint.

La notion d’énergie divine n’avait rien d’inhabituel dans l’Antiquité. On la retrouve dans différentes cultures d’Eurasie : en Inde, avec la notion de prana, ou « souffle », en Grèce avec le pneuma, traduit par « souffle de vie », « âme » ou « esprit ». De nos jours, beaucoup de gens considèrent avec scepticisme l’idée que la sensation de vitalité procéderait d’une énergie divine. Mais le qi est une métaphore utile pour désigner les conditions d’une sensation de vitalité accrue, et nous pouvons nous en inspirer sans croire nécessairement à son existence. Il nous suffit d’évoquer ces énergies par le truchement d’un comme si : que signifie agir et vivre comme si nous cultivions le qi ? Et si nous faisons nôtre une telle pratique, en quoi cela transformera-t-il notre quotidien ? Que deviendrait notre vie si nous admettons que ces énergies qi constituent effectivement la réalité ultime ?

Notre conception du monde, d’ordinaire, est dualiste : dieu ou homme, matière ou énergie, esprit ou corps, nous concevons ces différents domaines comme autant d’opposés. L’Entraînement intérieur nous propose à l’inverse une vision moniste’ du monde : toutes les choses et tous les êtres, y compris les êtres humains, sont constitués d’un unique ingrédient : le qi. Tout ce qui est, qu’il s’agisse de l’esprit, du corps, de la matière, de l’me, de la Terre, des gens, des animaux, de l’air, est donc composé d’une seule et même substance.

Mais bien que le qi soit partout présent, il revêt une infinité de formes plus ou moins pures. Les roches, la Terre et toutes les choses inanimées présentes dans le cosmos se composent d’une espèce de gi inférieure et rudimentaire que l’on peut dénommer « qi trouble ».

En s’affinant de plus en plus, ce qi devient « essence vitale », souffle de vie. Ce qui distingue cette « essence » de tout le reste, c’est qu’on ne la rencontre que chez les êtres vivants. Cette force créatrice de vie est présente chez les plantes et les animaux.

Enfin, sous sa forme la plus éthérée et la plus affinée, le qi est « divin ». Cette sorte de qi est si hautement énergisée qu’elle exerce une inflituence tangible sur ce qui l’entoure. Ce Qi est l’Esprit lui-même. L’Esprit est davantage qu’une force créatrice de vie, c’est à lui que les êtres vivants doivent d’être conscients.

Une plante possède un qi générateur de vie, une essence vitale, mais elle ne peut en aucun cas receler un esprit, être habitée par le divin. Jamais elle ne sera capable de penser et de transformer le monde. Elle doit se contenter d’exister en son sein. Les esprits, au contraire, étant composés de qi divin, sont extrêmement vivants et vibrants. Doués d’une acuité supérieure, ils perçoivent le monde avec une clarté sans défaut. C’est cette lucidité et cette acuité perceptive qui leur permettent d’imaginer des méthodes capables de le transformer.

Et qu’en est-il de nous ? De quel type d’énergie sommes-nous composés ? L’être humain combine qi trouble (terrestre) et qi divin (céleste). En tant que créatures de chair nous sommes constitués de qi grossier mais en tant qu’êtres vivants, comme les plantes, nous abritons l’essence vitale. À la différence des plantes, toutefois, nous recelons en nous une étincelle d’esprit : nous possédons une conscience, ce qui implique que chacun de nous a aussi le pouvoir de transformer ce monde. Nous pouvons ramasser quelque chose et le transporter dans l’espace, frapper dans un ballon, ouvrir une porte. Nous possédons donc un potentiel semblable à celui des esprits. »  La Voie, Pockett 2019 p 160

Les lieux des cours

Les cours ont lieu à l’un des sites suivants, tous facilement accessibles en transports en commun :

  • Maison de l’Assomption
    17 rue de l’Assomption, 75016 Paris
    plan d’accès
  • Maison Adèle Picot
    39 rue Notre Dame des Champs, 75006 Paris